jeudi 29 février 2024

Pivot

          Aujourd’hui t’es pivot m’apostrophe Bernard (le boss des bus du nord). 


Pivot? ( Pas encore habitué de me lever si tôt, je ne suis pas sûr de comprendre)


Oui tu réchauffe le banc. T’attends ton tour.  Pour l’instant j’ai rien pour toi.  Mais là, comme toi, j’viens d’arriver, l’année commence, ça me surprendrait pas que tu remplaces quelqu’un bientôt. Inquiètes toi pas, t’es payé pareil. La compagnie te garantie tes 30 heures/semaine pareil.


Ok. Pas de trouble. 


Ça me convient pivot. Je vais pouvoir lire de quoi en attendant.


Mais Bernard semble heureux de jaser avec un nouveau. Il évacue rapidement ce que je dois vraiment savoir pour le travail et enchaîne rapidement sur son parcours qui l’a amené ici.  Ensuite c’est du “small talk” (parlé petit?) ou il est question d’un peu de tout et de beaucoup de rien. Tout en me jasant, il répond sur la radio ondes courtes aux questions des chauffeurs et prend aussi quelques appels. Des parents l’informant de l'absence d’un enfant pour la journée et un autre qui s’énerve, l’autobus est passé tout droit. Bernard lui ne s’énerve pas, il gère ça comme un boss (des bus du nord), raccroche appelle son chauffeur et continue de m’entretenir jusqu’à ce que les chauffeurs commencent à revenir de leurs circuits respectifs. Bernard m’annonce que mon quart de travail du matin est terminé. On se revoit dans l'après-midi.


Au retour je me suis apporté un livre des fois que. Mais Bernard réactive le piton discussion et c’est reparti pour le reste de l’après-midi. Il me raconte des anecdotes du temps de son ancienne job, de sa passion pour le golf et quoi encore? 


Profitant qu’il passe un appel personnel, je sors du bureau et vais faire le tour des lieux. Trois autobus dans divers états de déconstruction prennent place dans un garage encombré comme il se doit d’outils graisseux, de pièces, d’équipement, de produits. Un vrai foutoir organisé. Je fais la connaissance des deux mécaniciens. Pat et Mat. Je passe proche de leur demander s’ils jouent aux échecs dans leur temps libre mais je ne les connais pas encore assez pour les taquiner. Ils ont quand même l’air d’être capable d’en prendre et d’en donner. Ça promet.


De retour au bureau Bernard m’annonce que je vais remplacer un chauffeur pour une journée et que le lendemain, je vais l’accompagner sur son circuit pour bien l’intégrer.  


C’est un vieux de la vieille, quand il parle, on ne comprend pas toujours ce qu’il dit, il a une patate dans la bouche. 


Comme je ne comprends pas toujours ce qu’on me dit, j’entends patate dans la douche. L’image va me rester lorsque je vais rencontrer plus tard ce chauffeur qui fait du scolaire depuis 40 ans ! Il conduit aujourd’hui les enfants de ceux qu’il conduisait jadis. Les histoires qu’il doit détenir doivent être épiques !


L'après-midi passe rapidement. La neige commence à tomber, une sacrée tempête est annoncée. Je rencontre quelques confrères/soeurs de travail qui se demandent tous si les écoles vont ouvrir le lendemain ? 


2 commentaires:

  1. "Aujourd’hui t’es pivot m’apostrophe Bernard..." c'est pour des perles comme celle ci que j'aime, pardon, que j'adore ta prose.

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    Réponses
    1. Ouain j'essaie de montrer que j'ai des lettres ! ;-) Merci à toi.

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