lundi 20 mai 2024

Petites Pestes

         Oui bon, ok, un mois sans texte. Désolé mais je vais au gré des saisons. Ici sur nos terres agathoises c’est la saison des semences et des plantations. Trois nouveaux arbres fruitiers cette année ainsi que quelques framboisiers en plus des réparations de clôtures et des boîtes. À chaque jour suffit sa peine pour accéder tranquillement pas vite vers l’autonomie alimentaire. Y’a aussi la saison des séries de hockey. Ben oui quoi, ce n’est pas parce que tu donnes dans le “littéraire” que ça empêche d’autres ferveurs? J’ai assez de ma blonde qui se fout de ma gueule quand je regarde un (ou deux) matchs en soirée. Vous n’allez pas vous y mettre vous aussi? Bon je reviens à mes moutons.

Les enfants. Évidemment lorsque t’es chauffeur d’autobus scolaire, la priorité ce sont les tout petits. Précieuse cargaison s’il en est. Il faut s’assurer que le transport soit fait en toute sécurité, de la maison à l’école et vice versa.  La vigilance est primordiale lors des arrivées et départs surtout lorsqu’on se trouve sur une route où la circulation à contre sens est souvent rapide. Il est également important de veiller à ce que tout se passe bien à l’intérieur du véhicule et même quand l’idée te prend de jeter un petit diable par-dessus bord, ben non, tu ne peux pas. 


C’est qu’un petit ange a tôt fait de se transformer en p’tit crisse d’une journée à l’autre ou encore lorsqu’il se retrouve au contact d’un autre petit ange cornu. Les relations interpersonnelles entre ces petits êtres sont souvent fascinantes. Bien sûr, l’essentiel de mon attention est dirigée vers la route, mais parfois suffit que je lève les yeux dans le grand rétroviseur pour réaliser que rien n’est jamais à ce qu’il paraît. Eux aussi t’observent. Surtout ceux qui ont de quoi derrière la tête. Y’en a quelques-uns qui sont pas mal ratoureux. Ils attendent le bon moment pour en taper un autre, voler sa casquette, lancer un bout de papier, lâcher un cri à un passant par la fenêtre ou quoi encore ?


Les pires sont bien entendu les garçons. Suffit qu’il s’en trouve deux avec des affinités semblables de fauteur de troubles pour que le bordel pogne. Ils se relancent l’un l’autre avec leurs niaiseries. Boys will be boys il paraît. Mais la semaine dernière, j’ai eu une gamine de 7 ou 8 ans qui s’est révélée être une sacrée peste. En m’apercevant elle m’a invectivé d’un : 


T’es qui toué ?   


Je remplace Stéphanie cet après midi, va t’asseoir ma grande


Chus pas ta grande ! Chose !


Bon ok va t’asseoir quand même. 


Le temps que je me retourne pour accueillir les autres gamins qui se pressent à l’entrée du bus, un petit garçon se met à pleurer derrière et j’entend : 


Julia a tapé mon p’tit frère !


Julia, je l’aurai parié est la fillette qui me prend pour une chose. À ce moment-là, elle est rendue à l’arrière de l’autobus, debout sur une banquette. 


Oui c’est Julia ! Répète la sœurette. C’est toujours elle qui tape les autres.


OK. Julia n’a pas de préférence. Elle tape ici et là au gré de ses humeurs.


Les élèves achèvent d’entrer et plusieurs s'agglutinent autour de moi curieux de savoir qui je suis et où est passé Stéphanie? Je tente de répondre à leurs questions mais reste attentif au comportement de Julia qui soutient mon regard. C’est qu’elle a du caractère cette petite ! Elle ira loin !  Pour l’instant, c’est clair qu’elle me cherche et teste mes limites. Même si c’est parfois à mes dépends, en tant que chauffeur substitut, je ne joue pas au boss de bécosse. Malgré quelques invectives ici et là : Restez assis ! On baisse le ton s’il vous plaît ! ce genre de trucs, je ne me mêle à peine de discipline. Qui sait ce que ce sera lorsque j’aurai un circuit régulier. C’est sûr que la dynamique sera différente, on verra.


Julia n’est pas restée longtemps à bord. Elle est descendue lors des premiers arrêts. Lorsqu’elle est passée à côté de moi, je l’ai saluée poliment et lui souhaitant une bonne fin de journée. Comme elle n’avait aucune réaction, j’ai ajouté avec ironie que j’avais déjà hâte de la revoir. Lorsque la gamine a traversé la rue devant l’autobus elle s’est tournée vers moi et toujours avec son regard bravache, elle m’a sortie la langue ! Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire car voyez vous cette petite démone de Julia m’a rappelé un autre petit tannant qui en a fait baver à ses professeurs et sans aucun doute à ses chauffeurs. Devinez qui ?


Oui j’étais ce genre de peste au même âge. Certaines mauvaises langues diront que je n'ai pas beaucoup changé. Ne les écoutez surtout pas !  Dieu que j’en ai fait des mauvais coups. J’pense que j’aurai été du genre à me faire prescrire du Ritalin juste en me regardant. Mais bon, pas mal d’autobus ont roulé sur les ponts où l’eau coule dessous. Je vous fais grâce des multiples conneries que j’ai faites à cet âge là. De toute façon, j’en ai oublié la plupart. Comme je ne garde aucun souvenir des chauffeurs d’autobus scolaire qui m’ont enduré lors de ces années estudiantines. Ça fait quand même un sacré bail, mais aujourd’hui, je trouve ça un peu triste de ne pas me remémorer ces monsieurs/dames qui m’ont conduit malgré mes inconduites. Ils ne doivent certainement plus être de ce monde, mais malgré tout, je les salue bien bas.


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