dimanche 17 mars 2024

Lève-tôt

         Longtemps, je me suis couché tard. 

        Enfant, je me levais constamment après qu’on m’ait mis au lit. Toutes les raisons étaient bonnes pour veiller. J’épiais tout ce qui se passait dans la maison. Caché dans un racoin, à défaut de la voir, j’écoutais la télé ou la visite quand il y en avait.  Un peu plus tard, je me souviens des soirées sous les draps à écouter sur un radio-transistor à l’aide d’une oreillette de la musique ou des lignes ouvertes. Je me souviens aussi de cette minuscule lampe de poche que je cachais pour lire mes premières bd, mes premiers vrais romans et tout ce qui me tombait sous la main. Les nuits blanches que j’ai passé depuis à vouloir terminer tel ou tel livre sont innombrables.

        Pendant mes études, j’étudiais et rédigeais mes travaux tard le soir lorsque tout le monde était couché et que le calme régnait dans la maison familiale. Je me suis toujours senti bien la nuit. J’ai toujours eu un lien privilégié avec elle.  

        Lors de mes “années punk”, la fermeture des bars n’était qu’un hiatus dans la poursuite de la nuit. Il n’y avait peu ou pas de limite dans ce mode de vie No Future. L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ? Yeah right ! 

        Avec le temps, j’ai emprunté pas mal de chemins tortueux (je vous fais grâce des détails) mais ce n’est pas tellement surprenant que je me sois retrouvé (à plein d'égards) chauffeur de taxi de nuit. Durant ces déambulations nocturnes, à côtoyer l’humanité dans ce qu’elle a de plus beau et de plus horrible, j’ai appris à mieux connaître qui j’étais, à mieux savoir ce que je voulais. Délicatement, j'ai laissé entrer un peu plus de lumière dans ma vie. Celle du jour et celle de l’amour. 


Il ne fallait pas avoir peur de perdre le nord pour venir s’y installer. Moi je me serais bien contenté de cet amour accompagné d’eau fraiche. J’aurais continué de veiller tard à vénérer ces nuits remplies d’étoiles.  Mais bon… 

      ¤


Après une semaine frénétique à me lever tôt : Un voyage nolisé en direction du versant nord de Tremblant dont le nom vient sans doute de l’état de la route que l’on prend pour s’y rendre, un remplacement autour du lac Archambault à Saint-Donat (coudonc je n’avais pas le parkinson avant de rouler ici moi !), un autre nolisé avec des jeunes du secondaire pour un tournoi de ballon-panier à Ste-Julienne (où les routes sont plus droites mais non moins défoncées) et un autre remplacement de dernière minute jusqu’à Huberdeau (cibole chus rendu où?), Bernard (toujours boss des bus du nord) m’interpelle : 


Toujours prêt pour le remplacement de Réal? Demain, tu vas l’accompagner pour apprendre son circuit. Tu vas voir, c’est simple, ce sont des élèves handicapés pas mal tranquilles, j’suis pas mal sûr que tu vas aimer ça.


Ben oui pas de problème, il part du garage à quelle heure?


Ouain, c’est un peu plus tôt. Faudrait que tu sois ici à 5 heures et demie gros max.


J’vais être là ! dis-je enthousiaste. Mais dans ma tête, je calcule déjà l’heure à laquelle il va falloir que je me lève. Le temps du petit café, de la petite toast, du petit besoin…  Autour de 4 heures et demie du matin ?  DU MATIN ! (misère)


Longtemps, je me suis couché tard…


C’est fini ce temps-là !  


7 commentaires:

  1. Ne cessez surtout pas d'écrire Monsieur le chauffeur du bus, parce qu'on est accrocs...

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  2. T’es génial Léon, j’ai l’impression d’y être! J’ai hâte à la prochaine.

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  3. J’aurais dû signer mon admiration, Léon. La dernière publication, c’est Lucette

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  4. Et en plus, ce dernier texte juste pour ma fête, merci !

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